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Infolettre Octobre 2021

L’exposition « Methode Rainer Werner Fassbinder. Eine Retrospektive » a été inaugurée à la Bundeskunsthalle de Bonn avec des invités tels que Hanna Schygulla, Harry Baer et la présidente du RWFF, Juliane Maria Lorenz. L’émission Resonanzen de WDR 3 a trouvé que l’exposition avait des dimensions magistrales. 800 objets et scénarios y sont exposés, une frise chronologique de 100 mètres de long avec les événements de la RFA ainsi que de nombreuses vitrines documentant les 125 projets de Fassbinder. Il en ressort l’image d’un « travailleur méticuleux qui pouvait compter sur son équipe. »
Vous pouvez écouter l’intégralité de l’article ici : https://www1.wdr.de/mediathek/audio/wdr3/wdr3-resonanzen/audio-fassbinder-retrospektive-ausstellung-in-bonn-100.html

Reinhard Kleber de la revue en ligne Filmdienst a également visité l’exposition multimédia. Pour lui, les thèmes clés de l’œuvre de Fassbinder sont faciles à identifier : « la position de la femme, l’homosexualité, les conflits de générations, l’acceptation de la dictature nazie, le terrorisme, la bourgeoisie, la non-conformité, mais surtout les relations amoureuses caractérisées par des formes de violence. » La charge de travail de Fassbinder ne pouvait être atteinte qu’avec « une structuration claire du processus de production. […] La précision avec laquelle le producteur Fassbinder préparait et prévoyait les budgets de ses projets, parfois même en parallèle, est démontrée par plusieurs relevés de coûts. »
L’article intégral sur cette exposition, qui se tient jusqu’au 6 mars 2022, est disponible ici : https://www.filmdienst.de/artikel/50515/fassbinder-ausstellung-bonn

Du 7 au 17 octobre, le Centre international des congrès de Berlin (ICC), inutilisé depuis dix ans et classé monument historique depuis 2019, a rouvert ses portes au public à l’occasion du festival « The Sun Machine Is Coming Down ». Les visiteurs ont pu y découvrir l’architecture futuriste de Ralf Schüler et Ursulina Schüler-Witte, mais aussi voir de nombreuses œuvres artistiques.

On y a également présenté LIBERTÉ À BRÊME (1972), une adaptation télévisée stylisée faite par Fassbinder à partir de sa pièce de théâtre éponyme. Le film est remarquable entre autres pour son utilisation précoce d’une boîte bleue. Dans cette tragédie bourgeoise inspirée de faits réels, Margit Carstensen incarne l’empoisonneuse Geesche Gottfried, qui aspire à la liberté et à l’indé-pendance et se venge de son entourage tyrannique.

Si Fassbinder a adapté au cinéma plusieurs de ses pièces, il y a eu récemment des adaptations scéniques de son travail telles que POURQUOI MONSIEUR R. EST-IL ATTEINT DE FOLIE MEURTRIÈRE ? (1970) et LE MARIAGE DE MARIA BRAUN (1979). La dernière adaptation a été créée le 29 septembre 2021 au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. La réalisatrice Julie Deli-quet y a présenté son adaptation théâtrale de trois heures du feuilleton ouvrier HUIT HEURES NE FONT PAS UN JOUR (1972-73) de Fassbinder. Plus d’informations sont disponibles sur le site du théâtre : https://tgp.theatregerardphilipe.com/spectacle/huit-heures-ne-font-pas-un-jour/

Par ailleurs, la pièce « Huit heures ne font pas un jour » vient de paraître aux éditions de l’Arche dans une traduction de Laurent Muhleisen. Cette série culte de Fassbinder raconte la vie quotidienne d’une famille de la classe ouvrière en Allemagne de l’Ouest, entre utopie prolétaire et anticonformisme culturel des années 1970. Fassbinder y aborde aussi bien les revendications sociales et le syndicalisme ouvrier que le désir d’émancipation des femmes par le travail, ou l’essor du consumérisme avec l’ouverture de l’Allemagne de l’Ouest au libéralisme occidental.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur : https://www.arche-editeur.com/livre/huit-heures-ne-font-pas-un-jour-711

Entre 1997 et 2005, les Prix du cinéma européen ont décerné en coopération avec la RWFF une récompense pour le meilleur premier film. La première année, le réalisateur français Bruno Du-mont a reçu le prix Fassbinder pour son premier film LA VIE DE JÉSUS. Depuis, Dumont s’est révélé être l’une des voix les plus intéressantes du cinéma d’auteur européen. Si, au départ, ses films se caractérisaient par une description grossière de la province, l’utilisation d’acteurs amateurs frap-pants et des représentations drastiques du sexe et de la violence, il a ensuite expérimenté le gro-tesque et les conventions de la comédie musicale. Sa satire des médias, FRANCE, a été présentée en première au Festival de Cannes en juin 2021.
Le site internet d’Arte fait actuellement un focus sur l’œuvre de Bruno Dumont. Cinq de ses longs métrages – dont LA VIE DE JÉSUS – ainsi que les deux mini-séries P’TIT QUINQUIN (2016) et COINCOIN ET LES Z’INHUMAINS (2018) sont accessibles aux spectateurs germanophones et francophones jusqu’au 28 février 2022 : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-021397/le-cinema-de-bruno-dumont/

À l’occasion du 40e anniversaire de l’Alten Oper, le quotidien « Frankfurter Rundschau » a publié un entretien avec l’ancien chef du département de la construction, Hans-Erhard Haverkampf. Il y parle en détail de la pièce controversée de Fassbinder « Der Müll, die Stadt und der Tod », qui devait initialement y être créée en 1984 dans le cadre de la Frankfurter Feste. Selon Haverkampf, le directeur général de l’époque, Ulrich Schwab, s’attendait à ce que la pièce, accusée d’être antisémite, créé un scandale : « Il aimait les pièces aussi audacieuses […]. Il voulait que le théâtre présenté à l’Alten Oper bouscule le public, aussi et surtout en brisant les tabous. »

Lorsque Haverkampf devint lui-même directeur par intérim après le licenciement de Schwab, « Der Müll, die Stadt und der Tod » devait être mis en scène un an plus tard par Volker Spengler dans la station de métro en construction située devant l’Alten Oper. Cependant, la première a échoué en raison du faible intérêt des participants. La première allemande n’a eu lieu qu’en 2009.
L’intégralité de l’interview est disponible ici : https://www.fr.de/kultur/gesellschaft/die-alte-oper-frankfurt-wurde-vor-40-jahren-eroeffnet-dieses-neue-frankfurter-lebensgefuehl-90932825.html

Le producteur de films Hanns Eckelkamp est décédé le 5 août dernier. Outre les films de Will Tremper, Klaus Lemke, Werner Schroeter et Roland Klick, il a également travaillé à plusieurs reprises avec Fassbinder. Dans une nécrologie éblouissante parue dans « die Welt », Rolf Giesen retrace la carrière mouvementée d’Eckelkamp, de l’exploitant de cinéma de l’après-guerre au fondateur de la société de distribution Atlas Film + Medien GmbH et au coproducteur plus ou moins performant. Un leitmotiv de son travail était de vendre les films de la meilleure façon qui soit : « Il voulait […] le prestige : des films sophistiqués pour les grands cinémas comme le Zoo-Palast de Berlin, sans sous-titres mais doublés, avec une publicité et des affiches encore plus sophistiquées. » L’article est disponible en ligne : https://www.welt.de/kultur/kino/article233033405/Die-Filmproduzentenlegende-Hanns-Eckelkamp-ist-tot.html

C’est en distribuant le film de Fassbinder WILDWECHSEL (1972), d’après la pièce de Franz Xaver Kroetz, qu’il a « découvert sa sympathie pour ce cinéaste mal à l’aise » et qu’il a trouvé que « Fassbinder méritait de gagner un jour plus d’argent pour ses films ». Plus tard, il a participé à la production des films LE RÔTI DE SATAN (1976), LE MARIAGE DE MARIA BRAUN (1979) et LOLA (1981). Eckelkamp est décédé à l’âge de 94 ans.

Nous souhaitons à nos lecteurs et amis un automne flamboyant et nous reviendrons bientôt avec notre actualité autour de Rainer Werner Fassbinder.

Pour en savoir plus sur les films de Fassbinder :
http://www.fassbinderfoundation.de/filme-von-fassbinder/?lang=fr

Pour en savoir plus sur les pièces de théâtre de Fassbinder :
http://www.fassbinderfoundation.de/theaterstucke/?lang=fr

Photo à gauche : Scénario de LILI MARLEEN de Fassbinder © DFF – Deutsches Filminstitut & Filmmuseum, Frankfurt am Main / Fassbinder-Handschriften-Archiv © Juliane Maria Lorenz-Wehling / Rainer Werner Fassbinder Foundation
Photo à droite : Ulli Lommel dans LIBERTÉ À BRÊME (1972) © SR | Rainer Werner Fassbinder Foundation | Verlag der Autoren GmbH

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